Quand nous démarrons le matin, on y va doucement, le long d’une voie ferrée, notre chemin se situe des fois à gauche, des fois à droite de la voie, nous changeons de côté au moyen de tunnels bas et étroits et sans éclairage. La camionnette nous quitte au premier tunnel. D’accord, je pense (au sujet de la vitesse), les Basques veulent terminer en douceur. Aujourd’hui est le seul jour où je n’ai pas programmé de route dans le GPS.
Le chemin direct à Gernika est 75 km, ils vont le trouver à l’aveugle. Eh non ! « Trouver » certainement, « terminer en douceur » pas du tout ! Lors de la première montée, Beñat semble se rendre compte que c’est par ici le chemin vers la maison et commence à chauffer, mais pas à peu près. On roule comme dans le bon vieux temps (c’est-à-dire hier). La campagne est, comme chaque jour, différente de celle du jour précédent, et comme chaque jour, magnifique. Vert, à mordre là-dedans. Je me fais expliquer qu’ici c’est aussi vert toute l’année, l’air humide de l’Atlantique doit monter à cause de l’élévation prononcée du terrain (affirmatif – on a maintenant monté à peu près la moitié), se refroidit et presto – de la pluie. Après il y a une autre descente, Kolgo me coudoie et pointe vers la droite où ça descend raide : « el mar ! » (« la mer ! ») En effet, on longe l’Atlantique. A côté de nous s’offre un des plus magnifiques paysages auxquels je me souviens : on regarde la mer d’environ 150 mètres de hauteur, on voit des falaises, le déferlement de la houle, un peu de sable, beaucoup de vert, souvent la côte est incisée et la route y longe directement. La route descend, des fois nous sommes littéralement à 0 mètre d’altitude. Et ceci pendant environ 25 km…
Attaquer la marmite : on déjeune dans un restaurant d’apparence insignifiante peu après l’endroit où on quitte la côte en direction de Gernika. « D’apparence insignifiante » seulement de l’extérieur. A l’intérieur des tables mises de façon élégante, un bruit d’enfer nous reçoit (enfin, bref, de la conversation animée entre Basques), nous sommes lundi après-midi vers 2 heures – nous déjeunons tôt – et chaque table est occupée. Nous sommes assis (comme quelques heures après) à une seule longue table qui occupe toute la longueur de la salle à manger, comme c’est la coutume dans le paye basque (et avant, sinon dans toute l’Allemagne, au moins et Forêt Noire) : un groupe, *une* table. Dommage que cette coutume ait disparu. La cuisine est tout sauf anodine, elle est ouverte, je jette un coup d’œil et je suis très impressionné. Leur spécialité (je verrai tout à l’heure ce que c’est) mijote dans des énormes marmites. Les plats qui sortent de la cuisine sont simples et délicieux. La pièce de résistance est un pot-au-feu de pommes de terre avec beaucoup de jus avec des gros morceaux de thon et quelques autres ingrédients secondaires et des épices. Les pommes de terres sont ensuite écrasées dans les assiettes avec la fourchette ce qui transforme le tout en un genre de pâte. Vachement bon.
Deux heures et demie après nous sommes prêts pour les dernières 25 à 30 km. Qui seront comment ? Nous comprenons vite que c’est une question d’opinion. L’un rigole doucement en disant, eh bien, ça va encore monter et descendre pas mal, un autre (son voisin de table) maintient fermement qu’à partir de maintenant c’est pas mal tout plat. La discussion qui suit pour déterminer comment le terrain est vraiment dure à peu près de 5 minutes. Les règles sont claires, au moins 3 personnes doivent parler en même temps, dans aucun cas doucement. (Le poisson, est-ce qu’il est frais ou pas ?? ;) Pas besoin de la radio ou télévision avec un divertissement pareil. Les allemands n’en comprennent pas un mot mais l’apprécient d’un large sourire.
A Gernika nous sommes reçus par une escorte de police, une moto avec un cadreur sur l’arrière roule avec nous. L’importance du cyclisme ? S’améliore de plus en plus. Une foulée de caméras de télé nous attend à l’arrivée et finalement mon troisième vœu est exercé : des bisous de jolies filles légèrement vêtues (il fait assez chaud à l’arrivée). Ma fille n’exerce aucune restriction, elle couine de joie. Mais à 14 mois elle fait plutôt sourire les gens. L’excitation de ma femme est presqu’aussi grande, moi, j’ai quelques larmes dans les yeux. Et je ne suis pas le seul. Le soir nous sommes encore ensemble jusqu’à bien après minuit, encore autour d’une seule table.
JKr.
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